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La Comédie du Paradoxe


D’après Le Paradoxe sur le comédien de Denis Diderot
Adaptation & mise en scène de Jean-Marc Chotteau

du jeudi 03 au samedi 19 octobre 2013
au Salon de Théâtre, Tourcoing [F]

Spectacle à l’abonnement


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Production : La Virgule
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Avec : Jean-Marc Chotteau, Éric Leblanc
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Création lumières : Éric Blondeau
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Durée du spectacle : 1h20 sans entracte + débat


Photothèque


« Ce qui prépare les acteurs sublimes, c’est le manque absolu de sensibilité. » Sous la plume de Jean-Marc Chotteau, la thèse paradoxale de Diderot devient une joute oratoire à la fois désopilante et pathétique entre un histrion cabotin et un universitaire dogmatique dont la conférence sur Le Misanthrope se voit brutalement interrompue. Jean-Marc Chotteau incarne lui-même le conférencier au côté d’Éric Leblanc qui joue l’acteur importun. La Virgule reprend ce spectacle joué plusieurs centaines de fois depuis sa création, mais rarement présenté au public dans la région. Cette nouvelle version de La Comédie du Paradoxe a été réécrite au printemps 2013 à l’occasion du 300ème anniversaire de la naissance de Denis Diderot et d’une tournée en Hongrie.



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LA COMÉDIE DU PARADOXE

Entre 1773 et 1777, Diderot écrit un essai philosophique qu’il intitule Paradoxe sur le comédien. Sous la forme d’un semblant de dialogue, esquissé et non réellement contradictoire (un des deux interlocuteurs monopolise la parole et ne reçoit de l’autre qu’une écoute attentive), Diderot soutient cette vérité paradoxale, c’est-à-dire tout à fait contraire à l’opinion commune, que « c’est le manque absolu de sensibilité qui prépare les acteurs sublimes ».

Ce qui était paradoxal au XVIIIème siècle l’est encore trop souvent aujourd’hui : le jeu réaliste, ou psychologique, de l’acteur de théâtre, considérablement influencé par les techniques nouvelles du cinéma et de la télévision, laisse encore à penser au public que les comédiens entrent réellement dans la peau de leurs personnages, idée qui faisait frémir Diderot. Il était pourtant clair pour Jean-Marc Chotteau, en parfait accord avec le philosophe, et amusé de l’aspect provocateur du propos, que l’acteur doit « se démener sans rien sentir » pour que le spectateur puisse « sentir sans se démener ». S’il doit y avoir illusion, elle ne doit être que pour le public. L’acteur sait qu’il n’est pas le personnage. Il le joue.

En 1982, date où Jean-Marc Chotteau créa sa compagnie, il ne lui fut pas indifférent que le public scolaire, et peut-être parmi eux ses spectateurs d’aujourd’hui, apprenne que c’est au prix d’un travail acharné que le meilleur des comédiens déclenche chez le spectateur quelques rires ou quelques larmes. Que la raison, et donc la maîtrise absolue de ce qu’il dit ou fait, l’emporte heureusement chez lui sur la force torrentueuse d’une sensibilité qui épuiserait l’essence même de l’art - il faudrait dire de l’artisanat - théâtral. C’est ainsi que lui est venue cette idée, dans une démarche où le souci pédagogique devait se mêler au divertissement, d’une libre adaptation de l’affirmation posée par Diderot, afin d’inviter le spectateur dans les coulisses mêmes de l’art dramatique. Depuis lors, La Comédie du paradoxe fut jouée plus de quatre cent fois, essentiellement en milieu scolaire et universitaire, avec quelques escapades notamment dans deux théâtres parisiens. Outre le fait d’être prétexte à de passionnants débats, elle est aujourd’hui un excellent ambassadeur de la langue et de la pensée françaises, pour avoir été présentée depuis 2011 en Syrie, en Bulgarie, et en Hongrie, à l’invitation des instituts culturels français. C’est là qu’est venu à l’auteur-metteur en scène le désir de présenter aujourd’hui sa pièce, dans une version quelque peu remaniée, au public de La Virgule.

Face à l’incarnation contemporaine de la thèse de Diderot en la personne d’un Sorbonnard péremptoire et docte s’apprêtant à donner, sur la scène même d’un théâtre ou dans une salle de classe, une conférence sur Le Misanthrope de Molière, Chotteau a imaginé celle d’une conception opposée du théâtre, dans la bouche d’un comédien faisant irruption sur la scène pour en chasser l’universitaire. Le premier, interprété par lui-même, qui pense comme Diderot et s’appelle Denis, séduit dans son matérialisme à chasser du théâtre comme du Temple les marchands d’illusion. L’autre, Albert Renard, comédien idéaliste empêtré dans ses rêves, incarné par Éric Leblanc, penserait plutôt comme Mounet-Sully, l’emblématique acteur du XIXème siècle, et émeut autant qu’il fait rire dans ses très narcissiques excès. Il fallut bien grossir leurs traits pour susciter les débats mais Chotteau dit porter autant de sympathie pour ses deux personnages volontairement caricaturaux. Car derrière la froideur scientifique du professeur se cache la faille d’une sensibilité inavouée, comme derrière les roulements d’yeux et les effets de manche de l’histrion ringard, se devine un désespoir tranquille, celui qu’on peut lire dans le regard de certains clowns, lorsqu’ils se démaquillent, la représentation finie, dans la solitude de leur petite loge.



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La presse en parle

La Comédie du Paradoxe propose une réflexion sur le personnage de Théâtre autour d’un duel comique et passionné. Des rires éclatent à chaque tirade. Captivé par la présence des comédiens sur scène, le public ne cesse pas d’applaudir. (…) Un tableau vivant de l’art dramatique. Une pièce piquante.
A.D.S. Nord Éclair

Une heure exquise de théâtre vivant. Cette indiscutable réussite résulte autant du travail d’écriture de Jean-Marc Chotteau, la précision et la limpidité mêmes, que du jeu plaisamment contrasté des deux comédiens… Cela fouette l’esprit au plus vif !
J.-M.S. La Voix du Nord

Jean-Marc Chotteau est l’un des metteurs en scène qui a participé à la nouvelle ébullition scénique des textes de Diderot.
G.C. Le Magazine Littéraire

Un face à face comique et intelligent sur le métier de comédien.
D.M. Sud Ouest

C’est vivant, souvent drôle, et parfois brillant.
J-L.J Le Figaro Magazine