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Le Cid


de Pierre Corneille
Mise en scène : Dominique Serron

Jeudi 27 et vendredi 28 avril 2017
au Théâtre Municipal Raymond Devos, Tourcoing [F]

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Production : L’Infini Théâtre (Bruxelles)
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Avec : Toni d’Antonio, Alexia Depicker, Daphné D’Heur, Abdel El Asri, Vincent Huertas, François Langlois, Fabrizio Rongione, Laure Voglaire
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Assistanat à la mise en scène : Florence Guillaume
Scénographie et costumes : Christine Mobers
Assistante scénographie : Chloé Dillasser
Réalisation des costumes : Chloé Dillasser, Bert Menzel
Création lumières : Nicolas Olivier
Régisseur son et lumière : Bruno Smit
Régisseur plateau : Luis Vergara Santiago
Photos : Pierre Bolle
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Nomination au « Prix de la Critique » : Meilleure mise en scène
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Durée du spectacle : 2h00 sans entracte


Photothèque


Dominique Serron et les comédiens de son Infini Théâtre investissent avec panache ce texte célébrissime du répertoire français. Ils revisitent la pièce, pilier du théâtre baroque mais écrite par un Corneille déjà rétif aux dogmes de son époque, et la délestent des artifices trop académiques pour coller au plus près aux alexandrins en offrant une fraîche et vivante expérience de théâtre. Sur le plateau presque nu, les comédiens vivent leurs répliques dans une invention permanente, tandis que les accents du tango qui rythment cette mise en scène, traduisent les affres de la passion fondamentale qui porte ce chef d’œuvre. Ce Cid enjambe les siècles d’un pas leste et donne à entendre dans toute sa profondeur un texte puissant, mis à nu par une belle équipe qui porte cette parole authentique vers la modernité.



Chimène et Rodrigue s’aiment et leurs familles s’apprêtent à les unir. Mais, jaloux de la nomination du père de Rodrigue à de hautes fonctions, le père de Chimène humilie son rival lors d’une querelle. Une infernale tradition d’honneur pousse alors Rodrigue à la riposte et, au cours d’un duel, le jeune homme tue le père de sa bien-aimée. Déchirée, mais prisonnière des mêmes lois ancestrales, Chimène se doit de venger son père en prenant la vie de son assassin… L’Infante d’Espagne, secrètement amoureuse de Rodrigue, fait valoir auprès du Roi un soudain fait d’arme héroïque du jeune homme et obtient sa grâce. Chimène ne renonce pas pour autant à son devoir de vengeance...

Notre Cid, note d’intention

« Comment l’authenticité impétueuse de chaque instant peut-elle vaincre, par son intégrité, les obstacles que l’existence dresse sur notre chemin ? Corneille ne rédige pas un inventaire de ce qui lui semble bien et méritoire. Il ne nous dit pas que Rodrigue et Chimène ont raison d’être de bons et dignes enfants de leurs pères ni qu’il est exemplaire de respecter les traditions, si barbares soient-elles ! Il nous expose des mécanismes qui nous renvoient à des valeurs et nous interpellent dans les contradictions les plus variées.

Nous allons laisser voir ce père de Rodrigue face à sa vieillesse et qui projette sans scrupule son incapacité en décidant pour son fils. Nous allons laisser voir aussi à quel point le père de Chimène souffre de voir un autre désigné à sa place. Nous allons raconter comment une justice centralisée remplace des codes barbares et inhumains pour soulager la vie de la violence de la réciprocité. Nous allons tenter de montrer un roi qui n’est pas objet de critiques, mais qui ménage cependant ses intérêts les plus immédiats dans une situation politique tendue. Nous allons mettre en jeu l’infernal effet de miroir qui brûle le regard poignant des amants déterminés. Rodrigue a voulu défendre l’honneur de son père en se risquant à un combat pour lequel il n’était pas préparé. L’auteur nous montre en le laissant gagner que « la valeur n’attend pas le nombre des années… », mais aussi que la détermination que nous avons à nous confronter aux choses définit davantage notre possible que la maîtrise à laquelle nous nous serions préparés. Cet acte que maudit Chimène nourrit l’amour qu’elle avait pour lui et le transforme en une véritable passion à laquelle elle ne peut que répondre par un retour à la hauteur de son immense grandeur. Nous allons donner corps à cet amour incandescent, que les actes de courage enferment dans une spirale d’ivresse. Là où désirer le désir de l’autre, qui désire lui-même le désir de l’autre, se tord en une rhétorique de sang, d’épée et de mort. Ils affronteront le langage jusqu’au bout de leur raison et par la force du verbe transcenderont l’impossible à dire. Nous allons privilégier l’histoire avec tous ses rebondissements porteurs de subversion et d’imprévisible. »

Dominique Serron



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DOMINIQUE SERRON

Premier Prix de Conservatoire en interprétation et direction d’acteurs, Dominique Serron complète sa formation par une licence d’études théâtrales. Plusieurs fois primé, son travail se caractérise par une pertinence de l’occupation de l’espace et du temps, directement conséquente de la constitution du texte et liée à une approche du corps singulière. Un théâtre de recherche, qui s’exprime par des glissements de supports et un langage musical et chorégraphique dont la lecture reste accessible par tous. Elle enseigne dans les Conservatoires francophone et néerlandophone belges, à l’Académie d’Ixelles, à l’IAD. En 1986 elle fonde L’Infini Théâtre qui défend un projet culturel d’interaction entre l’individu, l’intime, la famille d’artistes et le social, le public, le politique et la cité. Sa compagnie a signé une vingtaine de spectacles, tels, récemment, No Body Else, Carmen La Véritable histoire, La Princesse Turandot. Elle avait présenté à La Virgule en 2009, un Roméo & Juliet créé avec la compagnie belge Les Mutants.



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La presse en parle

Talent, audace, humour. Une belle justesse !
La Libre Belgique

Le classique des classiques, dont les spectateurs soufflent les répliques aux comédiens. Ce Cid de Corneille, inusable, pierre d’angle du classicisme en 1636, au seuil de la subversion, sous le couvert de son sous-titre : tragi-comédie ! Le revoici délesté de ses traditions entre les mains de Dominique Serron et de son Infini Théâtre. (…) Ils « font du théâtre » comme s’ils l’inventaient sur le champ, sans artifice, sans vidéos, sans violences extrêmes. Que du Corneille... et des corps en énergies croisées, assumant plus que de coutume l’humour de cette tragi-comédie tout en vibrant des doutes, des contradictions, des désespoirs les plus humains. Et voilà comment le Cid, mis en scène par Dominique Serron, se boucle en deux heures, portés par de bons comédiens, l’équipe fidèle de l’Infini Théâtre, qui s’affirme dans sa manière de rendre les classiques tout frais, tout chauds.
Michèle Friche, Le Soir